Grâce aux nouvelles technologies, contrefaire un dossier de demande de crédit ou de location deviendrait monnaie courante. Si beaucoup falsifient leur bulletin de paie sans complexes, la manipulation est une infraction grave.
Falsifier un bulletin de paie : une infraction du Code pénal
Falsifier un bulletin de paie revient à utiliser ce que le Code pénal appelle « un faux ». L’usage de faux est une infraction dont la peine encourue peut atteindre 3 ans de prison ferme et 45 000 euros d’amende (article 441-1 du Code pénal).
Falsifier un bulletin de paie : une faute grave envers l’employeur ?
D’après le droit du travail, falsifier le bulletin de paie de son employeur n’est pas considéré comme une faute justifiant un licenciement, à condition d’utiliser le faux à des fins exclusivement privées (demande de crédit personnel ou demande de location…).
A contrario, altérer ses fiches de paie à des fins professionnelles (négociation du salaire auprès de la concurrence, demande de prêt à la création d’entreprise) peut être considéré comme une faute grave justifiant le renvoi. C’est en tout cas ce que laisse entendre la Cour d’appel de Toulouse. Dans un arrêt de 2010, elle confirme le licenciement d’un employé qui avait négocié avec la concurrence durant ses heures de travail. Il avait aussi falsifié ses fiches de paie, le tout grâce aux outils informatiques de l’entreprise. L’arrêt invoque « un manquement grave du salarié à son obligation de loyauté ». La Cour d’appel reste cependant mystérieuse. Le licenciement est-il justifié par l’utilisation des outils de l’employeur à des fins personnelles, par l’aspect frauduleux ou simplement concurrentiel de la démarche ?
Falsifier un bulletin de paie : et dans les faits ?
Dans les faits, vous n’êtes peut-être pas renvoyé par votre employeur mais l’infraction existe. Le Procureur peut entamer des poursuites, tout comme le berné, en droit d’amorcer une procédure pour annulation du contrat et versement de dommages et intérêts. Les banques découvrent en général la supercherie en amont de la signature. Il suffit de comparer le salaire annoncé avec l’ensemble des éléments financiers… Quant aux bailleurs, rares sont ceux qui se manifestent dès lors que le locataire verse ses loyers. De nombreux petits malins ont échappé à une condamnation pour n’endurer qu’un simple rappel à la loi !
Lorsque le contrat est signé et que le fraudeur devient insolvable, l’affaire se corse. Expulsion du logement, versement de dommages et intérêts à la victime, paiement d’une amende à l’État, mention de l’infraction dans le casier judiciaire… La prison ferme est encourue.
Le jeu en vaut-il la chandelle ?