Qu’est-ce que la valorisation ?
Définition
La valorisation de l’entreprise consiste à évaluer séparément chaque élément de l’actif (biens que possède l’entreprise) et du passif (dettes et provisions pour risques et charges) inscrits au bilan de l'entreprise afin d’obtenir un “actif net” corrigé et réévalué.
Cet actif correspond donc à la valeur de l’entreprise.
L’objectif est d'évaluer financièrement la somme que devrait verser une personne physique ou morale pour acquérir 100% du capital de la société.
Pourquoi valoriser son entreprise ?
D’une manière générale, les valeurs comptables d’un actif ou d’un passif ne reflètent pas leur valeur réelle. Dans une situation de vente ou de cession d’entreprise, il est préférable d’avoir une valeur réelle et claire du patrimoine possédé et de la richesse générée.
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles un chef d’entreprise valorise son entreprise :
Connaître la valeur économique de son patrimoine en vue d’une cession de parts (SCI) sociales, une cession d’actions (SAS) ou de titres
estimer la valeur de l’entreprise afin de mieux la positionner sur le marché des entreprises
Mettre en place une gestion d’entreprise la plus efficace possible afin d’accroître la valeur de l’entreprise
Se renseigner sur les forces et les faiblesses de l’entreprise afin de mieux gérer les ressources et guider les stratégies
Déterminer une stratégie de développement en se basant sur la valeur réelle de l’entreprise et son vrai potentiel
Détecter les lacunes, les manquements afin de trouver des solutions
Présenter un business modèle afin d’obtenir un financement et ainsi convaincre les banquiers
Convaincre les partenaires financiers à investir dans le capital de l’entreprise
Améliorer le potentiel de développement de l’entreprise ainsi que sa rentabilité
Evaluer les ressources financières de l’entreprise en vue d’une cession à juste prix
Déterminer précisément le montant des impôts sur les dividendes et les plus-values
A quel moment valoriser son entreprise ?
Valoriser son entreprise peut se faire à tout moment : que ce soit pour améliorer le fonctionnement interne de l’entreprise ou convaincre des investisseurs de financer votre projet.
Toutefois, cette étape d’évaluation de société est essentielle pour le chef d’entreprise au moment où il souhaite :
vendre son entreprise
céder des parts de son entreprise
déterminer la valeur de ses impôts et taxes
acquérir une nouvelle entreprise ou des actions
Les 4 éléments pour évaluer les entreprises
L’évaluation de l’entreprise peut prendre différents aspects en compte, que ce soit du point de vue de l’acheteur ou du vendeur :
La valeur objective de la société : lorsque les 2 parties connaissent chacun toutes les informations relatives à l’entreprise
Les éléments subjectifs : liens personnels et affectifs entre le vendeur et sa société, volonté de vendre rapidement…
La qualité de la négociation
La capacité de l’entreprise à dégager une résultat permettant le remboursement de la dette contractée pour son achat
Les différentes méthodes
Il existe plusieurs manières d’appréhender la valorisation financière de l’entreprise. C’est à vous de choisir l’approche qui correspond le mieux à votre situation et vos objectifs.
Il existe 3 principales méthodes.
L’approche actuarielle
L’approche actuarielle consiste à estimer les flux de revenus futurs générés par l’entreprise en considérant le risque de l’actif économique.
Cette approche se base sur le postulat suivant : l’acheteur présumé de l’entreprise ne va pas acheter les flux passés de l’entreprise mais les flux futurs. C’est pourquoi il est nécessaire d’actualiser les flux de trésorerie à un taux qui reflète le mieux le risque de l’entreprise. Ce taux est appelé taux d’actualisation.
Il existe différents modèles d’approche actuarielle.
Modèle Gordon Shapiro
Principe : Le prix d’une action correspond à la somme des flux futurs, actualisés au taux de rentabilité exigé des actionnaires, des dividendes que l’entreprise va générer.
Ce modèle repose sur différentes hypothèses :
Hypothèse de croissance perpétuelle des bénéfices : chaque année, les dividendes augmentent à un taux constant
Le taux de distribution des bénéfices (pay-out ratio) est identique tous les ans
La période de distribution des dividendes est infinie
On obtient donc la formule d’actualisation des dividendes permettant la valorisation des entreprises de la société :
V = D/(r-g)
V : valorisation
D : dividende de l’année retenue
r : taux de rentabilité exigé par les actionnaires
g : le taux de croissance des bénéfices
Remarque : cette méthode n’est pas une science exacte et a de nombreuses forces et faiblesses. Bien que très connue, elle est très peu utilisée car les hypothèses sont trop simplificatrices.
Modèle Bates
Principe : le modèle Bates complète le modèle Gordon Shapiro en présentant un aspect plus réaliste : il tient compte des bénéfices futurs et du pay-out ratio afin de ne pas simplement prendre en compte que le dividende.
Cette valorisation permet également de diviser la période totale d’observation en sous-périodes pour prendre en compte les différentes fluctuations qu’il peut y avoir sur une longue période. Il est en effet possible de modifier les paramètres de la formule utilisée dans la méthode Gordon Shapiro.
Méthode d’actualisation des “free cash flows” ou méthode DCF
Principe : l’entreprise évaluée est considérée comme étant une entité à part entière dont la valeur ne dépend pas de son bénéfice mais de sa capacité bénéficiaire qui est mesurée par ses “free cash-flows” ou flux de trésorerie disponibles.
Cette méthode est principalement utilisée pour la valorisation des sociétés innovantes qui ne dégagent pas forcément de bénéfices les premières années d’activité et pour qui alors l’actualisation des bénéfices n’a aucun sens. De plus, les cash-flows représentent de façon plus réaliste le potentiel de création de valeur de l’entreprise puisque ceux-ci peuvent être réinjectés au sein de la société.
Cette méthode est utilisée presque systématiquement pour valoriser les sociétés, mais elle est systématiquement complétée par d’autres méthodes de valorisation afin d’être pleinement efficace (prise en compte du secteur et des autres concurrents) pour valoriser une société.
Approche comparative
Principe : Compléter les approches actuarielles avec des faits réels et qu’il nous est possible de comparer (concurrents, chiffres, caractéristiques de secteurs) pour rendre plus de légitimité aux calculs effectués.
L’approche comparative se base sur différents éléments via des exemples comparables dans son processus de valorisation d’entreprise :
Des entreprises comparables au profil semblable notamment en termes de taille, marché, risques
Des transactions comparables
Des indices de références (CAC 40, Le Nouveau Marché…) utilisables si l’entreprise est représentative du marché
Un même secteur d’activité de référence si l’on considère que l’entreprise présente des caractéristiques représentatives d’un secteur particulier
Approche par les sociétés comparables
Principe : comparer un certain nombre de sociétés similaires (le “peer group”) ou un secteur d’activité afin de faire ressortir des ratios et multiples de valorisation permettant ainsi d’établir une juste évaluation des différentes sociétés.
Grâce à ces mesures (ratios, multiples), les entreprises pourront établir des moyennes et ainsi évaluer leurs sociétés. Cette méthode de valorisation, aussi appelée méthode des comparables, est très utilisée pour les entreprises cotées puisque les informations de celles-ci sont totalement transparentes et de fait très faciles à récolter et comparer, mais elle est aussi utilisée pour comparer les entreprises non cotées.
Cette méthode est largement utilisée en raison de sa capacité à être très réactif au marché. Elle permet de réagir à un instant t, au prix du marché par une entreprise donnée, c'est-à-dire au prix auquel un acheteur est prêt à acheter ce produit.
L'enjeu et la difficulté de cette méthode réside dans le choix des critères de l'échantillonnage : il faut qu'ils soient homogènes et que les entreprises choisies soient les plus similaires possibles.
Les différents ratios à connaitre
Le Price Earning Ratio (PER) | Le ratio capitalisation sur dividendes | Le rapport prix/livre (PBR) | Le Ratio Prix/Ventes (PSR) |
Il permet de comparer rapidement des sociétés aux profils similaires.
Il correspond au rapport cours bénéfice d'une société.
Plus le PER est bas et plus l'entreprise est bon marché. | Il permet de mesurer le retour sur investissement
Il prend en compte le dividende versé et non le bénéfice en mesurant le véritable délai de récupération : le revenu que touchera l'actionnaire. | Il correspond au rapport capitalisation sur Actif Net Comptable.
2 manières de calculer : ANC = Actif comptable - actif fictif - dettes ANC = Capitaux propres - actifs fictifs
S'il est inférieur à 1, cela signifie que la société vaut moins que sa valeur comptable. | Il permet d'évaluer l'entreprise à partir d'un multiple de ses ventes.
Le chiffre d'affaires est considéré comme une donnée plus fiable et homogène que le bénéfice est une donnée brute et qui peut être modifié par le chef d'entreprise via le système de « comptabilité créative »
Calcul : (capitalisation + endettement net) / Chiffre d'affaires |