Le système actuel de répartition est de moins en moins pérenne, du fait de la diminution du nombre d’actifs et de l’accroissement de la durée de vie. Ainsi, le montant des pensions de retraite tend à diminuer et cette évolution ne risque pas de s’infléchir dans le futur. Cette problématique concerne plus particulièrement les personnes inscrites au RSI qui doivent supporter une baisse sensible de leurs revenus lors de leur départ en retraite. Ceux-ci, ainsi que les autres professionnels doivent donc compléter leur retraite par différents biais.
Comment compléter sa retraite : la loi madelin
Les personnes exerçant une activité libérale (entrepreneurs individuels, associé unique d’EURL, gérant majoritaire de SARL) disposent de droits à la retraite très limités (du fait du système du régime social des indépendants) et doivent ainsi, très tôt, se constituer des revenus complémentaires. Les entrepreneurs doivent ainsi s’inscrire dans une logique de prévoyance qui peut être difficile à assimiler, en particulier au commencement de sa vie professionnelle. Pour cela, ils peuvent effectuer des versements dans le cadre de la loi Madelin. Ces versements sont déductibles des revenus professionnels (BIC, BNC ou BA) ou du résultat imposable à l’IS, ce qui viendra diminuer l’impôt à payer (article 62 du code général des impôts). Le plafond de déduction est fixé à :
10% du plafond annuel de la sécurité sociale (PASS), soit 3861 euros en 2016 (le Pass est fixé à 38616 euros),
Ou 10% du revenu professionnel limité à 8 PASS et augmenté de 15% du revenu compris entre 1 et 8 Pass
Exemple : un médecin, soumis aux bénéfices non commerciaux BNC) déclare 100 000 euros de résultat. Le plafond de déduction est fixé pour lui à 100 000x 10% + (100 000 – 38916 euros) x 15% = 10 000 + 9162 euros = 19162 euros. Lors de son départ en retraite, le souscripteur percevra une rente dont le montant dépend des sommes déjà versées et de la rentabilité des placements souscrits.
Comment compléter sa retraite avec le Perp ?
Le Perp est un véhicule intéressant destiné aux indépendants et aux salariés pour se constituer une retraite complémentaire. Comme pour la loi Madelin les versements effectués sont déductibles à hauteur d’un certain plafond. Le plafond de déduction est fixé à :
10% des revenus professionnels nets de l’année antérieure pris dans la limite de 8 Pass (311 328 euros, soit une déduction maximale de 31 133 euros),
Ou 10% du Pass (soit 38 916 euros)
Les sommes versées dans le cadre de l’épargne retraite professionnelle (Perco, loi Madelin) doivent être déduites de ces plafonds. Toutefois, pour le Madelin, on ne tient pas en compte la fraction des cotisations qui correspond à 15% de la quote-part du bénéfice imposable compris entre 1 et 8 PASS. Le plafond non utilisé est reportable les 3 années suivantes et vient majorer le plafond annuel.
Exemple : un salarié a perçu 100 000 euros de revenus. L’employeur a versé 5000 euros pour lui sur un Perco l’année précédente. Les sommes déductibles pouvant être versées sur un Perp sont plafonnées à 90 000 (soit 100 000 x 90%, l’abattement de 10% relatif aux traitements et salaires devant être déduit) x 10% - 5000 euros = 4500 euros. S’il a versé 3000 euros sur un Perp, le surplus (soit 1500 euros) viendra majorer le plafond de l’année suivante.
La majeure partie du capital investi est récupérée sous forme de rente viagère durant la retraite. Cette rente est imposable à l’impôt sur le revenu après l’application d’un abattement de 10%. Toutefois, il peut être reversé sous forme de capital, à hauteur de 20%. L’épargne versée est bloquée jusqu’à l’âge de la retraite. Néanmoins, un déblocage anticipé est possible en cas de survenance de certains évènements (invalidité, décès, surendettement…).
Compléter sa retraite avec l’épargne salariale
L’employeur peut mettre en place un plan d’épargne salariale (plan d’épargne entreprise, plan d’épargne interentreprises) permettant à ses salariés de disposer de revenus supplémentaires. Le plan d’épargne retraite collective (PERCO) fonctionne selon le même principe, à la différence près que les sommes versées sont bloquées jusqu’à l’âge de la retraite. Le plan peut être alimenté par le grâce à différentes sources :
l’intéressement,
la participation,
les droits inscrits sur un compte épargne temps,
les versements volontaires
le transfert de fonds d’un plan d’épargne entreprise ou d’un plan d’épargne interentreprises.
La prime d’intéressement peut être versée sur le PERCO sans être imposable. Le versement de la participation est possible sans que le salarié perde ses avantages fiscaux et sociaux. Les versements volontaires effectués par le salarié sont plafonnés à 25% de la rémunération brute annuelle.
Le PERCO peut être également alimenté par des versements complémentaires de l’employeur (abondements), dont le montant ne peut excéder 300% des versements volontaires ou 16% du plafond annuel de la sécurité sociale (soit 6178 euros). A la sortie, le salarié peut recevoir un capital ou une rente viagère. Cette rente est imposée à l’IR sur une fraction seulement de son montant, soit :
70% si le contribuable était âgé de moins de 50ans lors du premier versement de la rente,
50% s’il était âgé de 50 à 59 ans,
40% s’il était âgé de 60 à 69 ans,
30% s’il était âgé de plus de 69 ans.
Retrouvez notre article : Réduire ses impôts grâce à l'épargne retraite.
Compléter sa retraite grâce à l’assurance vie
L’assurance vie constitue un des moyens privilégiés de se constituer une retraite complémentaire. En effet, les sommes placées (versements + produits) peuvent être intégralement récupérées sous la forme d’un capital (contrairement au Perp ou Perco). En outre, la rentabilité des produits est souvent très forte. Par ailleurs, même si les versements effectués ne sont pas déductibles, la fiscalité de l’assurance vie demeure très avantageuse puisqu’un prélèvement libératoire particulièrement faible s’applique aux produits perçus. Ainsi, lorsque le contrat a été conclu depuis plus de 8 ans, le taux du prélèvement est de 7,5% en cas de rachat ou de dénouement. Il est de :
35% lorsque la durée du contrat est inférieure à 4 ans,
15% lorsqu’elle est comprise entre 4 et 8 ans.
On applique en outre un abattement annuel de 4600 € (pour les personnes seules) ou de 9200 € pour les couples, qui prend la forme d’un crédit d’impôt égal à 7,5% des revenus, retenus dans la limite de 4600 ou 9200 €.
Compléter sa retraite avec l’immobilier
La constitution d’un patrimoine immobilier donné à louer permet de bénéficier de revenus supplémentaires durant sa retraite. La rentabilité de tels investissements peut être très élevée (plus de 5% pour l’immobilier d’entreprise ou la location de studios dans les grandes villes).
Il est fortement conseillé d’opter (sauf si l’on veut bénéficier d’avantages fiscaux comme la loi Pinel, applicable sur des locaux loués nus) pour la location meublée ou aménagée. En effet, celle-ci est soumise au régime des bénéfices industriels et commerciaux, qui permet d’amortir l’immeuble inscrit à l’actif et ainsi, de ne pas être imposable. En outre, la plus-value de cession d’un immeuble est exonérée d’impôt sur le revenu après 22 ans de détention et de prélèvements sociaux après 30 ans.
Un autre moyen d’investir dans l’immobilier est de détenir des parts de SCPI (société civile de placement immobilier). Ainsi, l’investisseur détiendra des parts d’un fond qui fera l’acquisition de biens immobiliers et percevra une quote-part des revenus de celui-ci. Ce type d’investissement présente de nombreux avantages :
La rentabilité est élevée (souvent plus de 5%),
Le détenteur n’a pas à se soucier de la gestion locative, qui est mutualisée au niveau du fond,
Les risques d’impayés sont réduits, la SCPI ayant généralement à son actif de nombreux immeubles.
Compléter sa retraite avec des actions ou parts sociales
Diversifier ses investissements est une règle essentielle à respecter afin d’accroître ses revenus et éviter les pertes en capital. Plus prosaïquement on peut dire : « ne pas mettre tous ses chevaux dans le même panier ». Ainsi, il peut être pertinent de disposer d’un portefeuille de valeurs mobilières conséquent, dans des PME ou dans des grandes entreprises cotées. En plus de proposer un rendement pouvant être très élevé si l’activité est florissante (plus de 10% dans certains cas), les titres de sociétés sont soumis à une fiscalité particulièrement avantageuse :
Les dividendes perçus ne sont imposés que sur 60% de leur montant du fait de l’application d’un abattement de 40%,
Les plus-values de cessions sont faiblement taxées (on applique un abattement pour durée de détention pouvant atteindre 65% voir 85% dans les PME),
Les titres faisant l’objet d’un pacte d’actionnaires sont exonérés d’ISF et de droits de mutation à titre gratuit pour les ¾ de leur valeur. L’exonération est totale pour les parts de PME ou répondant à la définition des biens professionnels
Les souscriptions au capital de PME ouvrent droit à une réduction d’impôt sur le revenu de 18% ou à une réduction d’ISF de 50%.