Dans l’univers des professions réglementées, l’Expertise-comptable compte parmi celles qui ont connu les plus grands bouleversements ces dernières années. Et il est probable qu’elle évoluera encore plus rapidement et fortement dans un futur proche.
Que va devenir l'expert-comptable ? Son diplôme vaudra-t-il moins qu'un algorithme ? Pourquoi et comment ? En voici un petit tour d’horizon.
Humain ou Robot ? Qui fera le travail de l'Expert-comptable ?
C’est sans aucun doute LA grande question du moment. L’expert-comptable va-t-il disparaître au profit d’une machine capable de faire ses missions aussi bien, voire mieux que lui, mais automatiquement ?
La réponse est claire : NON. Parce que considérer que le besoin d’une entreprise a si peu de valeur qu’il peut être confié à un algorithme aussi puissant soit-il est en soi un manque de considération à l’égard de ses dirigeants et de ses salariés. On oublie bien souvent que derrière les chiffres d’un bilan résident des enjeux liés à des personnes, à des vies, à des familles, à des projets, des sensibilités qu’un robot ne peut connaître.
Peut-être seront-ce des données un jour intégrables dans un traitement informatique. Mais même lorsque ce sera le cas, ces enjeux demeureront. Et les chefs d’entreprise auront toujours besoin d’explications, d’un avis extérieur, de discuter différentes options, d’être rassurés dans leurs choix et de bénéficier de l’expérience d’un professionnel qui aura traité des problématiques similaires aux leurs.
Sans parler de la sécurisation des données transmises aux administrations et aux organismes sociaux, et du contrôle opéré par l'Ordre des experts-comptables sur les cabinets.
Bien sûr, la robotisation va prendre une place de plus en plus importante dans l’organisation des cabinets de demain. Elle est même aujourd’hui nécessaire afin de permettre une réalisation efficace et rapide des tâches à faible valeur ajoutée, et d’aider à la prise de décision.
Ainsi, s’il y a plus de robots, cela sera pour qu’il y ait en même temps plus d’humain.
Généraliste ou spécialiste ? Existe-t-il un seul type de cabinet comptable ?
L’image traditionnelle de l’expert-comptable est celle d’un professionnel de proximité, comme le serait le médecin de famille. Par conséquent, il est amené à traiter de nombreuses typologies d’entreprises et d’activités, sur des missions variées, en fonction du tissu économique dans lequel il évolue et de son réseau de relations professionnelles..
Cependant, ce modèle fondé sur une implantation essentiellement locale implique de devoir moduler l’organisation de ses missions pour s’adapter aux spécificités de chaque type de client. Or, en raison de la complexification croissante de la législation à tous les niveaux et des enjeux particuliers de chaque secteur d’activité, la qualité du conseil et des prestations peuvent s’en ressentir. Et ce d’autant plus que les clients échangent entre eux, se renseignent par eux-mêmes, publie leurs retours d’expérience sur les réseaux sociaux, ce qui met en lumière les éventuels manquements dans la prestation fournie par leur expert-comptable.
C’est pourquoi on observe depuis quelques années déjà une tendance très nette de nombreux cabinets à se focaliser sur une cible ou un secteur d’activité, parfois des marchés de niche. Ce phénomène a été accentué par deux facteurs.
Le premier est le développement des nouvelles technologies, et notamment des logiciels en ligne et de la digitalisation des comptabilités. Une entreprise n’a plus nécessairement à choisir l’expert-comptable le plus proche parce qu’il faut lui amener les factures en main propre.
Le second est une certaine libéralisation des conditions d’exercice de la profession, à la fois en termes de panel de prestations et de communication commerciale.
Cette approche par la spécialisation permet aux cabinets qui l’ont adoptée la mise en place de processus leur permettant d’être efficaces et disponibles pour fournir une expertise pointue à des tarifs compétitifs, et ainsi créer une forme de cercle vertueux.
Grand groupe ou indépendant ?
La tendance de ces dernières années est claire : les regroupements de cabinets s’intensifient. Le modèle du cabinet traditionnel indépendant de proximité semble, comme évoqué précédemment, sur la voie du déclin.
L’explication est logique : les cabinets de taille significative ont une force de frappe commerciale et marketing plus importante, réalisent des économies d’échelle qui leur permettent d’être compétitifs en termes d’honoraires et disposent des ressources nécessaires pour intégrer et maîtriser la robotisation des logiciels là où les “petits” cabinets doivent se contenter des solutions des éditeurs historiques aujourd’hui dépassées.
Le risque de ce modèle est d’imposer aux antennes locales des réseaux des process figés et impersonnels qui in fine vont nuire à la qualité des prestations et risquer de compromettre l’indispensable complicité qui doit s’installer entre le chef d’entreprise et son expert-comptable. La complexité de l’organisation de ces structures peut en outre conduire à une certaine lourdeur et un manque de réactivité face aux remontées du terrain.
Aussi, le cabinet de demain devra être particulièrement vigilant à conserver une certaine souplesse dans son fonctionnement. Il pourra ainsi éviter d’adopter une organisation trop verticale qui serait à la fois déceptive pour ses clients et démotivante pour ses équipes.
En matière de comptabilité, tout n’est pas donc qu’une question de taille. La culture d’entreprise, sa capacité à mobiliser les connaissances et à promouvoir l’intrapreneuriat seront donc les clés de son succès sur le long terme.
Seulement expert-comptable, vraiment ? C'est quoi le travail de l'expert-comptable, en fait ?
Quelles sont les missions de l'expert-comptable ? En tant qu’interlocuteur privilégié du chef d’entreprise, il aborde un grand nombre de sujets qui dépassent largement le strict cadre du bilan. Ses missions couvrent un périmètre très étendu : gestion de patrimoine, fiscalité, gestion sociale, stratégie, droit social, etc. qui doive faire partie de sa boîte à outils.
Il est donc certainement le professionnel qui, de par sa mission comptable, connaît le mieux l’entreprise. Ou du moins, celui qui dispose du plus d’informations à son sujet. Par conséquent, peut-il se limiter à simplement faire un bilan ? Certainement pas, surtout si un robot peut le faire. L’expert-comptable qui se limitera à cela sera l’expert-comptable qui n’existera plus.
L’expert-comptable de demain devra être en quelque sorte le chef d’orchestre de la vie de l’entreprise. Il devra lui-même être capable de proposer un panel de services large et cohérent pour répondre aux besoins de ses clients - et accessoirement gagner sa vie. Et même, plus loin que cela, il ne devra pas laisser le Chef d’entreprise sans réponse si une question est hors de son champ de compétences. Pour cela, l’expert-comptable devra être capable de s’entourer d’un réseau de partenaires plus ou moins intégrés vers lesquels orienter ses clients le cas échéant.
Prix ou qualité ? Combien doit coûter mon expert-comptable ?
Aujourd'hui, la bataille fait rage entre cabinets, et certains disruptèrent semblent offrir des prix toujours plus bas. À tel point qu'on est en droit de se demander si la qualité sera au rendez-vous. On pourrait penser que qualité et prix sont corrélés. Pourtant, la pratique montre que ce n'est pas si évident. Aussi, avant de vous demander combien vous devez payer votre expert-comptable, demandez-vous pour quoi vous le payez.
En effet, les cabinets proposant les prix les plus bas sont bien souvent des cabinets qui ont su s'organiser, notamment sur le plan informatique, pour acquérir un certain niveau de performance et d'efficacité. Et grâce à cela, ils disposent de marges de manœuvre plus importantes pour "sortir" leur bilan rapidement et leur offrir une véritable mission de conseil sans pour autant gonfler leurs prix.
La crise du COVID a d'ailleurs apporté un éclairage nouveau sur cette notion de prix. En effet, bien des cabinets qui avaient mis de côté la transition numérique ont subi de plein fouet la pandémie. Ces cabinets ont ainsi finalement facturé à leurs clients leur propre désorganisation tandis que d'autres ont su tirer parti de cette situation inédite.
Enfin, ajoutons à cela que le métier d'expert-comptable ne peut être galvaudé. Le diplôme d'expertise comptable répond à certaines exigences, au terme d'un cursus et d'études longues (demandez à un Expert-comptable diplômé de vous raconter sa soutenance de mémoire !), délivré par un ordre des experts-comptables qui exerce un contrôle strict sur la profession. En faisant appel à un cabinet inscrit à l'Ordre des Experts-comptables, une entreprise s'assure donc un certain standard de qualité, de respect de la réglementation professionnelle, et de sécurité.
En somme, le portrait-robot de l’expert-comptable de demain est le suivant :
Il est à la pointe de la technologie
Il met cette technologie au service de l’humain
La marque qu’il représente est avant tout un gage de savoir-faire
Il innove constamment
Il sait faire de la comptabilité, mais aussi beaucoup d’autres choses.
Et s’il ne sait pas faire, il ne laisse pas son client sans réponse.
Il n'est pas forcément cher.