Symbole social fort, le SMIC a aussi ses effets pervers

L'article en bref

En novembre dernier, le Groupe d’experts sur le SMIC publiait un rapport mettant en lumière les conséquences négatives d’une hausse trop importante du salaire minimum. Voici leurs principales conclusions.

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Article rédigé et certifié par Déborha VINDIOLET
 
Leader comptable chez L'Expert-Comptable.com avec plus de 6 ans d'expérience dans le domaine. Diplômée en DCG et BTS Comptabilité.
Temps de lecture : 2minDernière mise à jour : 02/09/2024

Le SMIC a des effets négatifs sur l’emploi

Le rapport publié par le Groupe d’experts sur le SMIC explique que les effets indirects d’une augmentation du salaire minimum doivent être pris en compte pour évaluer son impact sur l’emploi. Des effets indirects comme la hausse du coût du travail peuvent en effet influencer l’emploi de manière négative. Le rapport explique que dans le meilleur des cas, « une hausse du SMIC n’aurait qu’un faible effet négatif sur le volume agrégé d’emploi. » Mais les experts proposent également un scénario plus sombre. Ils expliquent que selon eux, si le SMIC est augmenté de manière trop importante, « il y a peu de doutes que […] l’emploi au niveau du SMIC, soit les 15% de salariés entre 1 et 1,1 SMIC, diminuerait très sensiblement. »
 

Augmenter le SMIC n’améliore pas le niveau de vie des ménages

Selon le rapport, l’effet d’une hausse du SMIC est annulé en quasi-totalité par l’augmentation des impôts sur le revenu et de la taxe d’habitation, ainsi que par une baisse des aides sociales pour les ménages qui en bénéficiaient. Plus précisément, le rapport indique : « L'effet est tel qu'une hausse de 1% du SMIC se traduit par une augmentation d'un ou deux euros seulement du niveau de vie de certains ménages, l'augmentation n'étant sensible que pour des ménages bénéficiant peu de ces transferts (couples biactifs avec deux enfants). »
 

Augmenter le SMIC contribue au tassement des salaires

De fortes revalorisations du SMIC entre 2002 et 2005 ont conduit à ce que le SMIC augmente plus vite que le salaire moyen de l'ensemble de la population, et ont abouti à un tassement des salaires, phénomène aussi appelé « écrasement de la hiérarchie des salaires ». Concrètement, cela signifie qu’une hausse du SMIC se répercute sur l’ensemble de la hiérarchie des salaires, rendant difficile pour les employeurs de dégager encore un peu plus d’argent pour récompenser les salariés méritants. Le rapport explique : « Cela génère un malaise sur les qualifications les plus élevées (écart réduit entre le coefficient ingénieur et le SMIC par exemple). Un autre malaise fortement perçu est le chevauchement ou quasi chevauchement des coefficients proches du SMIC. » Le rapport cite aussi certains dispositifs d’exonérations mis en place par le gouvernement qui, au lieu d’encourager l’emploi, « créent une trappe à bas salaires et tirent vers le bas le salaire médian. »

Plus généralement, les auteurs du rapport expliquent que le problème n’est pas tant le fait d’avoir un salaire minimum élevé, mais plutôt le fait que les salaires progressent plus vite que la productivité. Les experts expliquent que « cette hausse des salaires supérieure aux gains de productivité accroît les coûts de production des entreprises, qui doivent réduire l’emploi, ou augmenter leurs prix de vente et partant perdre en compétitivité-prix, ou encore réduire leurs marges, ce qui pénalise leur capacité à investir et à innover. »

Les experts concluent en recommandant au gouvernement de ne pas revaloriser le SMIC au-delà de la règle d’indexation classique. En bref : pas de coup de pouce tant que l’économie reste fragile. En effet, conclut le rapport, « la conjoncture actuelle ne plaide certainement pas en faveur d'une quelconque prise de risque en matière d'emploi. » 

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