Principes de la rationalisation des achats
La crise de 2008 aura au moins eu pour effet bénéfique de faire réagir les entreprises sur les coûts parfois trop importants de leur chaîne d'approvisionnement, de pointer du doigt les dysfonctionnements dans leur supply. Ainsi, pour réduire leurs coûts de revient, augmenter leur marge ou améliorer leur rentabilité, les entreprises actionnent dorénavant le levier de la rationalisation de leur politique d'achat.
Quelles sont les solutions pour rationaliser les achats ?
En d'autres termes, lorsqu'on parle de rationaliser les achats, il s'agit d'optimiser les coûts, en visant à les faire baisser. Les entreprises cherchent à présent à "mieux acheter". Pour cela, différentes solutions s'offrent à elles : mettre en concurrence de manière systématique les fournisseurs et mettre en place une politique d'achat globale et centrale (à l'image de ce qu'a fait le PDG de Renault en réunissant les achats de Renault et de Nissan). C'est le principe même des très nombreuses places de marché présentes sur la Toile.
Les places de marché, la solution performante et simple
Les places de marchés sont des plateformes Internet qui mettent en relation les entreprises et les fournisseurs. Après s'être inscrite, l'entreprise peut émettre de nombreux appels d'offres afin de comparer et de sélectionner la meilleure proposition commerciale. Les avantages sont multiples :
- Une baisse générale des coûts d'achat : grâce à une mise en concurrence importante
- Une gestion facilité : un seul et même endroit pour mettre en place son approvisionnement
- Des délais d'achat raccourcis
- Un panel de fournisseurs des plus vastes : un choix élargi par rapport aux seuls acteurs locaux par exemple. Les places de marchés centralisant des fournisseurs de la France entière
Par ailleurs, on parle bien de places de marché au "pluriel" car il en existe différentes sortes.
Les places de marchés dites "horizontales", s'adressent ainsi aux approvisionnements liés au fonctionnement général des entreprises : bureautique, informatique et autres consommables courants.
Les places de marchés "verticales" concernent cette fois les achats en rapport avec une chaîne de production précise, pour un secteur d'activité particulier. Des entreprises du secteur du BTP par exemple qui cherchent à s'équiper en engins de chantier.
Les places de marchés "privées" enfin. Elles sont principalement le fait des entreprises globales qui mettent en place un réseau uniquement destiné à certains clients ou fournisseurs sélectionnés.
Rationaliser le panel fournisseurs
La démarche des directions d’achats d’une entreprise inclut la rationalisation du panel. Les directions achats décident quels sont les meilleurs fournisseurs dans chaque branche d’achat. Elles se basent sur les leviers de compétitivité et des composantes de coûts des fournisseurs par rapport à la concurrence d’après plusieurs bases qui sont :
- Le marché du moment
- Le nombre de produits concernés
- La technicité de ces produits
- Les différents risques
- La stratégie de chaque fournisseur
Le fournisseur maîtrisant la technologie des produits ou des services est alors considéré comme un bon fournisseur global. Ainsi, il est possible de regrouper chez le fournisseur en question des gros volumes d’achats. En gérant correctement la rationalisation du panel, l’entreprise réalise des bénéfices. Pour les gains immédiats, elle négocie par rapport au volume d’achats. Les coûts administratifs de gestion disparaissent. Sur du plus long terme, la réduction est un bon indicateur de renforcement des liens entre les acteurs concernés.
La méthode ABC ou Activity Based Costing
La méthode ABC distingue trois catégories d’achats comme :
- 80 % d’achats pour 20 % de fournisseurs
- 15 % d’achats pour 20 % de fournisseurs
- 5 % d’achat pour 60 % de fournisseurs
C’est à partir de ces bases que les directions achats identifient les produits les moins retenus pour les 2 dernières années et ainsi, éliminer les premiers fournisseurs.
Quels intérêts de rationaliser le panel fournisseur ?
L’intérêt de rationaliser le panel fournisseur sert les entreprises pour la coopération efficiente et la compétition positive. La compétition met ainsi les fournisseurs en concurrence et la coopération leur permet de s’adapter à un changement du process achat. Avec la rationalisation du panel fournisseur, les entreprises connaissent ainsi un gain d’efficacité.
Au moment de négocier, les fournisseurs indiquent souvent que le volume d’affaires est trop faible pour faire bénéficier l’entreprise de remises ou de tarifs plus importants. L’effet majeur reste le volume. Donc, il est important pour les entreprises de définir leur rationalisation panel fournisseurs pour leur politique achats.
Quand une entreprise multiplie son nombre de fournisseurs, les coûts administratifs sont automatiquement augmentés par les coûts de gestion du panel et par les coûts de passation de commandes. Le montant actuel est alors assez conséquent. Réduire le panel fournisseur permet ainsi de réduire aussi les coûts administratifs des entreprises et cette réduction devient alors un véritable levier pour les fournisseurs restants.
Il faut encore souligner qu’au-delà des bénéfices financiers liés à la rationalisation du panel fournisseurs, leur réduction permet aussi aux entreprises d’avoir une meilleure gestion quotidienne améliorant significativement leur productivité. Les fournisseurs restants augmentent aussi leur implication surtout en matière d’innovation, de qualité et de ponctualité afin de maintenir de bonnes relations avec les entreprises clientes.
Choisir l’innovation
Les directions achats doivent se pencher sur la détection de l’innovation chez les différents fournisseurs. Les entreprises qui pratiquent le choix de l’innovation, ont un avantage concurrentiel certain sur les autres. Il faut alors dépasser la simple analyse des coûts et mettre en place une veille technologique pour repérer tous les fournisseurs couplés avec les technologies. Les délais de développement par intégration sont ainsi réduits et les coûts, de ce fait, maîtrisés.
Le développement des achats écoresponsables
Les directions achats des entreprises se penchent depuis peu sur le développement durable. Ainsi, les directions achats des entreprises veillent aussi à ce que les fournisseurs soient engagés dans le respect de l’environnement et des pratiques sociétales en découlant. Des grilles d’évaluation intégrant des critères précis existent pour les procédures d’achat. Les directions achats des sociétés rédigent une charte achats et développement durable pour les fournisseurs. Elle leur sert ainsi, à se mettre en conformité avec les conventions actuelles et la législation en vigueur.
Charte des bonnes pratiques achats
Depuis la dernière crise financière, les relations entre les grandes entreprises et les fournisseurs se sont dégradées. Le médiateur du crédit et la Compagnie des dirigeants des acheteurs de France ou Cdaf,regroupant plus de 230 signataires, ont pris l’initiative de faire rédiger une charte des bonnes pratiques achats. Elle permet ainsi d’améliorer les relations entre les TPE-PME et les grandes entreprises sur la base de 10 engagements. Les plus importants sont :
- Humanisation entre fournisseurs et clients
- Responsabilisation des grands groupes de filières
- Prise en compte du développement des achats écoresponsables
- Indépendance stratégique des fournisseurs
Ainsi, en cas de conflit, chaque entreprise signataire de cette charte peut avoir recours à une médiation collective ou une médiation individuelle pour solutionner rapidement les points de divergence. Dans le même temps, le médiateur doit informer le ministre chargé de l’Industrie, des problèmes existants et des propositions qu’il soumet. Avec cette charte, sont aussi mis en place, des indicateurs de suivi des entreprises ayant signé la charte et un comité de pilotage se réunissant au moins deux fois dans l’année afin que les engagements aient été bien réalisés.
Réductions des coûts de l’entreprise
Les décideurs achats des entreprises, ont pour objectif de réduire aussi les coûts depuis cinq ans. En dehors de la crise économique, cet objectif est devenu majeur à cause de la conséquence indirecte de la crise Covid-19. Parmi les secteurs qui ont souffert de la crise, on note :
- L’industrie automobile
- L’industrie métallurgique
- L’industrie mécanique
- Le textile et les meubles
- L’aéronautique
- Le tourisme, etc.
La réduction des coûts dépassant 10 % concerne :
- L’immobilier
- Le BTP
- La finance
Ces secteurs n’avaient pas encore actionné les leviers mise à part, l’aéronautique qui souffrait déjà fortement.
La fonction achat reste donc les économies réalisées pour le futur proche par rapport à tous les autres qui sont actuellement en baisse comme le risque contractuel, la contribution au chiffre d’affaires, la réactivité, etc. en dehors de la responsabilité sociétale mise en place pour les achats responsables allant avec la stratégie RSE des entreprises. Depuis la crise due à la Covid, 30 % des décideurs envisagent de relocaliser leurs achats en France et en Europe. Cette stratégie comprend :
- Un levier de sécurisation de la logistique
- La réduction des coûts
- L’amélioration des délais
- Le respect de l’impact environnemental
Et dans votre entreprise, quelle politique de rationalisation des achats est en place ?