Mise à jour (2022) : La loi n° 2022-172 du 14 février 2022 en faveur de l'activité professionnelle indépendante a créé un statut unique pour l’entrepreneur individuel et supprime progressivement le statut d’entrepreneur individuel à responsabilité limité (EIRL). Depuis le 15 février 2022, il n'est donc plus possible de créer une EIRL. Le nouveau statut unique d’entrepreneur individuel est entré en vigueur à compter du 15 mai 2022 pour toute création d’entreprise individuelle. Les principaux avantages de l'EIRL sont repris dans le nouveau statut.
L'EIRL, ou Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée, est une création législative résultant de la loi du 15 juin 2010. Cette forme juridique constitue une entorse au principe d'unicité du patrimoine, si cher au droit français.
En effet, depuis le 1er janvier 2011, il est possible de constituer un patrimoine professionnel d'affectation afin de mettre à l’abri son patrimoine personnel. Statut juridique intermédiaire entre l’entreprise individuelle et l ’EURL , la fiscalité de l’EIRL répond à un régime particulier. En effet, si l’impôt sur le revenu s’applique par défaut à l’entrepreneur, il dispose possibilité d'opter pour l'impôt sur les sociétés.
EIRL : un statut juridique protecteur du patrimoine personnel
L’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL) est une forme juridique permettant à l’entrepreneur de créer une entreprise en limitant sa responsabilité. En effet, le chef d’entreprise peut protéger son patrimoine personnel en créant un patrimoine d’affectation. Ainsi, en cas de dettes résultant de l’activité professionnelle, les créanciers de l’EIRL ne peuvent pas saisir les biens privés du dirigeant. Ils ne peuvent se payer que sur le patrimoine professionnel de l’entreprise.
Tout entrepreneur exerçant une activité libérale, commerciale, artisanale ou agricole peut créer une entreprise sous le régime de l’EIRL. Les micro-entrepreneurs peuvent également recourir à cette forme juridique. En revanche, le statut d’EIRL n’est pas accessible aux personnes qui exercent leur activité sous forme de société.
Pour constituer une EIRL, la déclaration d’affectation du patrimoine doit être déposée au RCS ou au RM, selon la nature exercée par l’entrepreneur. Toutefois, depuis le 23 mars 2019, il est possible de créer une EIRL sans affecter des biens uniquement au patrimoine professionnel. De plus, il n’est plus obligatoire de faire évaluer les biens dont la valeur excède 30 000 €. Enfin, après la constitution du patrimoine, l’entrepreneur peut toujours soustraire ou affecter un bien au patrimoine.
La fiscalité de l’EIRL
L’EURL est un statut juridique hybride. En effet, l’entrepreneur est soumis au régime fiscal de l’IR, à l’instar des entreprises individuelles. Toutefois, il a la possibilité d’opter pour l’IS, régime fiscal applicable à l’EURL. Ce choix entre deux modes d’imposition est l’une des caractéristiques principales de l’EIRL.
Impôt sur le revenu : régime fiscal de droit commun
Par principe, le régime fiscal de l’EIRL est le même que celui qui s’applique à toutes les entreprises individuelles. En effet, c’est l’impôt sur le revenu qui s’applique par défaut. Cela s’explique par le fait que la constitution d’une EIRL n’implique pas la création d’une personne fiscale indépendante de l’entrepreneur individuel. Le chef d’entreprise est ainsi imposé personnellement au titre des bénéfices générés par l’EIRL.
Dans ce cas, le bénéfice est imposable selon la catégorie de revenus à laquelle appartient l’entrepreneur. C’est la nature de l’activité exercée qui détermine le régime applicable. En effet, une activité libérale réalise des bénéfices non commerciaux et est imposable dans la catégorie des BNC. Quant aux activités commerciales ou industrielles, elles sont imposables dans la catégorie des bénéfices commerciaux et industriels (BIC).
Le résultat de l'entreprise (bénéficiaire ou déficitaire) augmente ou diminue le revenu global du contribuable soumis à l'IR. Toutefois, si l’entreprise est déficitaire, et si le revenu n’est pas suffisant pour combler le déficit, l’excédent peut faire l’objet d’un report sur le revenu jusqu’à la 5ème année incluse.
Impôt sur les sociétés : régime fiscal optionnel
Jusqu'à présent, il était nécessaire de créer une société (une EURL en cas d’associé unique), pour être assujettis à l'IS. Les entrepreneurs individuels étaient ainsi nécessairement soumis à l'impôt sur le revenu.
Depuis 2011, si les entrepreneurs en EIRL demeurent soumis de plein droit à l’IR, ils ont tout de même la possibilité d’opter pour l’IS, à l’instar des entrepreneurs en EURL. Néanmoins, les micro-entrepreneurs ne bénéficient pas de cette option dans la mesure où leur micro-régime fiscal relève de l’IR.
Cette option est irrévocable et doit être notifiée au plus tard avant la fin du 3ème mois de l'exercice au titre duquel l'entrepreneur désire être soumis à l'IS. Pour notifier son choix, l'entrepreneur en EIRL doit adresser un courrier au service des impôts du lieu de son établissement. La notification doit mentionner la dénomination sociale et l’adresse de l’entreprise, ainsi que les noms et prénom, l’adresse et la signature du chef d’entreprise.
Dans ce cas, l’entrepreneur en EIRL est imposé de la même manière que l’entrepreneur en EURL. En effet, les bénéfices générés par l’EIRL sont taxés à l’IS au nom de l’entreprise. Les taux applicables diffèrent selon le montant des bénéfices réalisés :
Un taux réduit de 15% jusqu'à 38 120 € ;
Un taux normal de 28% entre 33 120 € et 500 000 € ;
Un taux de 31% pour les bénéfices supérieurs à 500 000 €.
Contrairement au régime fiscal de droit commun, en cas de déficit, la perte ne peut être déduite des bénéfices futurs générés par l’EIRL.
Quant à l’entrepreneur individuel, il est imposé personnellement au titre de l’IR sur les rémunérations et les dividendes qu’il se verse. En effet, il est taxé de la même manière qu’un salarié et bénéficie d’un abattement de 10% au titre des frais réels.
Par conséquent, dans le cas d’une option pour l’IS, il y a deux contribuables :
L’EIRL est redevable de l’impôt sur les sociétés au titre des bénéfices réalisés ;
Le chef d’entreprise de l’EIRL est redevable de l’impôt sur le revenu au titre des rémunérations perçues.
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Fiscalité de l’EIRL en cas de liquidation judiciaire
En cas de liquidation judiciaire de l’EIRL, le régime diffère selon la fiscalité choisie par l’EIRL.
Liquidation de l’EIRL soumise à IR
Si la fiscalité de droit commun s’applique à l’EIRL, les conséquences fiscales de la liquidation judiciaire sont les mêmes que pour toutes les entreprises individuelles. Dans un tel cas, les bénéfices réalisés la dernière année d’exercice, les bénéfices dont l’imposition a été différée, ainsi que les plus-values d’actifs sont soumises à l’imposition immédiate au titre de l’IR.
Liquidation de l’EIRL ayant opté pour l’IS
En cas de liquidation, et si l’entrepreneur en EIRL a opté pour l’impôt sur les sociétés, le boni de liquidation est imposé dans la catégorie des revenus de capitaux immobiliers.
Fiscalité de l’EIRL : quel régime fiscal choisir ?
Il est difficile d’apporter une réponse unique et catégorique. En effet, chacun des régimes présente des avantages et des inconvénients. Le choix dépend en réalité de votre situation et de vos objectifs en tant que chef d’entreprise.
Avantages et inconvénients de l’impôt sur le revenu
Le régime de droit commun est un régime fiscal intéressant lors du démarrage de l’activité. En effet, à ses débuts l’EIRL ne sera sans doute pas bénéficiaire, mais l’entrepreneur dispose de la faculté de déduire le déficit de son revenu global. De plus, si le revenu est insuffisant, l’imputation du déficit peut être reportée sur les bénéfices à venir, jusqu’à la 5ème année incluse.
Par ailleurs, l’impôt est calculé en fonction du profit réalisé et du nombre de parts fiscales composant le foyer de l’entrepreneur. Ainsi, le régime de l’IR est une fiscalité opportune lorsque les bénéfices générés ne sont pas trop importants.
Au contraire, si le profit réalisé est important, l’impôt et les charges sociales dont l’entrepreneur est redevable seront élevés. Par conséquent, ce régime d’imposition convient davantage aux EIRL qui génèrent un chiffre d’affaires modéré. En effet, le régime d’imposition à l’IR peut être un frein pour les entreprises qui aspirent à se développer de manière considérable.
Avantages et inconvénients de l’impôt sur les sociétés
L’entrepreneur individuel soumis à l’IS a le choix entre divers modes de rémunération. En effet, il peut opter pour une rémunération classique ou il peut préférer se verser des dividendes. Il peut également décider de mixer ces deux modes de rémunération. Par ailleurs, le chef d’entreprise peut faire le choix de ne pas se rémunérer et de réinvestir le profit généré dans le développement de l’EIRL.
En outre, l’entrepreneur en EIRL bénéficie de taux d’imposition fixe, nonobstant le montant des bénéfices. Ce régime fiscal offre également un taux réduit de 15% aux entrepreneurs dont les bénéfices n'excèdent pas 38 120 €. De plus, l’entrepreneur qui opte pour l’IS n’est pas imposé à titre personnel. C’est en effet l’entreprise qui est redevable de l’impôt.
Enfin, la rémunération du dirigeant de l’EIRL peut être fiscalement déduite. Dans la cadre de l’IR, une telle déductibilité n’est pas envisageable.
En contrepartie de ces avantages, l’EIRL déficitaire ne peut pas imputer les pertes sur les revenus personnels de l’entrepreneur. C’est un inconvénient majeur par rapport au régime de l’impôt sur le revenu.
Par conséquent, l’impôt sur les sociétés n’est pas le régime fiscal le plus adapté pour les jeunes entreprises, ainsi que pour les petites EIRL. Toutefois, si elles viennent à se développer, elles pourront, en cours d’activité, opter pour l’IS.