L'immobilier est un secteur en constante évolution, influencé par la conjoncture économique et les nouvelles normes environnementales. Alors, est-ce toujours pertinent de devenir expert immobilier en 2024 ? Face aux enjeux climatiques et aux fluctuations du marché, ce métier offre des perspectives professionnelles captivantes, mais exigeantes. Découvrez pourquoi cette profession demeure une voie attractive malgré les défis actuels.
Est-ce toujours intéressant de devenir expert immobilier ? La tendance
L’immobilier compte parmi les secteurs subissant le plus les fluctuations du marché. En effet, son niveau d’activité est en forte corrélation avec la conjoncture du moment. Ainsi, la moindre crise économique ou bancaire, la moindre crise sanitaire ou encore le moindre conflit géopolitique peut impacter le niveau des ventes immobilières d’un pays.
Néanmoins, le secteur demeure très porteur et devenir expert immobilier offre de belles perspectives professionnelles. De fait, les nouveaux enjeux climatiques imposent aux gouvernements de revoir leur politique relative à la transition écologique. De nouvelles normes environnementales apparaissent et complexifient la valorisation d’un bien immobilier.
Nombreux sont les intervenants, liés directement ou non au secteur de l’immobilier d’habitation, ayant recours aux compétences d’analyse d’un expert :
les promoteurs ;
les investisseurs ;
les compagnies d’assurance ;
les banques ;
les notaires ;
les collectivités locales ;
etc.
Son analyse peut également s’effectuer à la demande du propriétaire à simple titre d’information. Quoi qu’il en soit, l’expertise immobilière se révèle indispensable dans le cadre d’une succession ou encore du développement de la politique sociale d’une commune ou d’une région par l’expansion de son parc immobilier.
Il relève alors de la responsabilité de l’expert immobilier d’intégrer ces nouvelles normes au projet et de les faire appliquer sur les chantiers de construction.
Quel est le rôle de l'expert immobilier ?
L'expert immobilier est chargé d'estimer la valeur d'un bien immobilier, bâti ou non bâti, en fonction de différents critères (type de bien, localisation géographique, contexte du marché, etc.). Il a aussi pour rôle de collecter toutes les informations juridiques relatives au bien.
Son expertise est le plus souvent requise lors d'une vente, ou encore s'il s'agit d'une succession. Mais l'expert immobilier est aussi sollicité par les services fiscaux, les notaires, les compagnies d'assurance ou encore le milieu de la justice.
Là où l'agent immobilier se contente, dans la plupart des cas, de la visite et de la vente du bien, l'expert immobilier est lui capable de fournir une liste exhaustive des conditions foncières aux acheteurs potentiels. On peut compter sur lui pour tout savoir sur l'urbanisme et les contraintes du lieu, les aspects juridiques d'une éventuelle copropriété, un droit de passage, etc.
Ce professionnel communique avec les autres corps de métiers qui composent le monde de l'immobilier afin de saisir tous les éléments inhérents au bien. Il rencontre le diagnostiqueur et supervise parfois son intervention, peut solliciter des professionnels du bâtiment s'il doute de la fiabilité de la structure, et va même jusqu'à questionner les voisins sur la qualité de l'environnement.
L'expert immobilier possède, en plus de ses compétences sur le plan de l'estimation, de solides connaissances en droit, en fiscalité et en techniques de construction.
Quels sont les différents types d'expert immobilier ?
Il existe divers types d’expertises immobilières, dont la nature diffère selon les motifs justifiant leur réalisation.
L’expert immobilier au sens large
Ce professionnel possède une connaissance approfondie dans le domaine de l'immobilier, ce qui lui permet d'estimer la valeur locative et vénale des biens immobiliers. Il intervient le plus souvent à divers moments de la vie courante. Ainsi, ses compétences sont requises dans les actes juridiques classiques, tels que la vente d’une maison ou d’un appartement à la suite d’un décès ou d’un divorce. La gestion des baux commerciaux et l’évaluation de la valeur du patrimoine d’une société comptent également parmi ses prérogatives.
L’expert judiciaire
Inscrit sur les listes des tribunaux, cet expert est désigné par le tribunal pour fournir des avis techniques dans le cadre de procédures judiciaires. Dans certains cas, le juge peut solliciter ses services d’expertise immobilière. Ce recours lui permet ainsi de disposer d’une estimation précise et de données réputées fiables sur lesquelles s’appuyer avant de rendre une décision judiciaire la plus éclairée possible. Ce spécialiste accomplit ce type de mission dès lors qu’un désaccord subsiste entre les parties.
L’expert foncier et agricole et l’expert forestier
Ces experts, inscrits sur une liste nationale, exercent des missions d'expertise en matière foncière, agricole, et forestière sur les biens et droits mobiliers et immobiliers. Ce spécialiste est doté de solides connaissances en droit, en agronomie, en économie et en fiscalité, notamment en matière de droit de propriété. Son champ d’application s’exerce essentiellement sur les problématiques relatives à la ruralité. Il est amené à transmettre la valeur de terres agricoles et à rédiger les baux en conséquence. L’expert peut être mandaté par des organismes d’assurance pour évaluer les dégâts de gibier sur les récoltes donnant lieu à une indemnisation. Enfin, il estime également des terrains dans le cadre d’une expropriation.
L’exercice du métier d’expert immobilier est-il réglementé ?
La profession d’expert immobilier généraliste n’est pas réglementée et ne requiert pas de diplôme spécifique. Toutefois, l’expertise immobilière ne s’improvise pas et se caractérise par la complexité des connaissances à détenir. Ainsi, ce spécialiste doit justifier de réelles compétences techniques et juridiques en matière d’urbanisme, de plan cadastral, de normes de construction, de matériaux, etc.
En outre, l’expert immobilier est tenu de respecter la Charte de l’Expertise en Évaluation Immobilière, réunissant l’ensemble des bonnes pratiques inhérentes à l’activité. Compte tenu des sommes en jeu, ce spécialiste se doit aussi de faire preuve de déontologie, d’intégrité et d’impartialité lors de l’exercice de ses fonctions.
Pour se prémunir en cas de litige, il a l’obligation de souscrire une assurance Responsabilité Civile Professionnelle (RC Pro).
En revanche, l’expert foncier et agricole, ainsi que l’expert forestier font figure d’exception et sont soumis à certaines obligations. En effet, ces profils d’expert ne peuvent exercer leur activité légalement qu’à la condition d’être référencés sur la liste nationale de la CNEFAF (Conseil national de l’expertise foncière agricole et forestière). De même, l’expert judiciaire est également soumis à l’obligation d’être inscrit sur les listes des tribunaux pour une durée de 5 ans.
Les missions de l'expert immobilier
L'expert immobilier définit le prix le plus juste pour un bien :
visite des biens à estimer
métrage des pièces et commande des diagnostics
consultation du cadastre
analyse du marché immobilier environnant
estimation du bien
transmission des informations aux acheteurs, aux notaires, à la justice…
Les compétences pour devenir expert immobilier
L'expert immobilier endosse de réelles responsabilités :
être rigoureux sur le calcul de la valeur d'un bien
posséder des compétences en droit
connaître le milieu du bâtiment et/ou des ventes de terrains nus
faire preuve d'une excellente présentation
être capable de rédiger des rapports complets
Quelle formation pour devenir expert immobilier ?
Plus qu'un simple agent immobilier, l'expert immobilier est recruté avec un niveau de formation initiale à bac+3 ou bac+5 :
Licence droit de l'immobilier
Licence chargé de gestion patrimoniale immobilière
Licence droit et gestion de copropriété et syndic
Licence gestionnaire de l'habitat locatif et de l'habitat social
Master droit de l'environnement et de l'urbanisme, estimation des biens fonciers
Master métiers de l'immobilier et de l'urbanisme
Master management immobilier
L' ESI (école supérieure de l'immobilier) fait partie des organismes formateurs de référence en la matière.
Le BTS professions immobilières est aussi une voie dédiée aux métiers du foncier, mais ce niveau de formation conduit à la fonction d'agent immobilier uniquement.
Quel est le salaire de l'expert immobilier ?
Dans un cabinet ou une agence, l'expert immobilier gagne entre 2 500 et 3 500 € brut par mois. Il perçoit en supplément des commissions sur les ventes immobilières qu'il réalise, et sur certaines estimations dans le cadre juridique.
Le professionnel peut également évoluer en indépendant et créer son cabinet d'expertise immobilière. Dans ce cas, sa rémunération prend la forme d’honoraires. Il appartient au spécialiste de les fixer librement, en fonction du niveau de contraintes, de la durée de la mission, ainsi que des frais engagés pour la réalisation de la mission.
Le lieu de travail de l'expert immobilier
L'expert immobilier passe beaucoup de temps sur le terrain, à visiter les biens dont il a la charge.
Il se déplace aussi dans les offices notariaux, chez les diagnostiqueurs, voire même dans les tribunaux si son expertise est demandée.
Quelles sont les perspectives d'évolution de l'expert immobilier ?
L'expert immobilier peut décider de se lancer à son compte sous le statut libéral. Son réseau de contacts doit alors être bien fourni.
Il peut aussi se spécialiser dans des domaines précis : locaux commerciaux, sites industriels, biens d'exception (châteaux, manoirs, etc.).
Comment devenir expert immobilier indépendant ? Les étapes
Il est vivement recommandé d’acquérir une solide expérience au sein d’un cabinet ou d’un office notarial avant de devenir expert immobilier indépendant. Une fois le moment venu de vous installer à votre compte, vous devez vous prévaloir d’un certain nombre de démarches administratives :
justifier d’une formation minimale ou d’une expérience significative dans le domaine de l’immobilier ;
déterminer la spécialisation de votre expertise ;
établir un business plan sur votre secteur géographique ;
mener une réflexion sur le fonctionnement de votre activité, à savoir si vous exercez seul ou si vous envisagez de vous associer ;
choisir la forme juridique la mieux adaptée à vos ambitions ;
trouver le local qui accueillera votre bureau et domicilier votre cabinet ;
procéder à votre demande d’immatriculation sur le site du guichet unique des formalités des entreprises.
Selon la forme juridique privilégiée, des formalités administratives complémentaires sont à prévoir lors du processus de création de votre entreprise. Ainsi, si vous souhaitez vous associer, il sera nécessaire de :
convoquer les participants au capital à une assemblée générale ;
réaliser les apports pour déposer le capital social ;
publier l’avis de constitution de votre société auprès d’un journal d’annonces légales (JAL) ;
enregistrer votre demande d’immatriculation.
Enfin, dans le but de pérenniser votre cabinet d’expertise immobilière, il conviendra d’enrichir votre réseau professionnel. Constitué d’agences immobilières, d’études notariales, d’organismes assureurs ou encore de membres des collectivités locales, celui-ci pourra donner lieu à de riches collaborations.
Les 5 questions à se poser pour savoir si le métier d'expert immobilier est fait pour vous
Avez-vous de bonnes compétences en communication et en négociation ?
Au cours de vos missions, vous serez amené à rencontrer un public varié. Mieux vaut savoir se montrer diplomate et fin négociateur. En effet, l’estimation d’un bien peut faire suite à un moment douloureux (décès, divorce, etc.). Bien que votre expertise sera attendue sur son aspect technique, vous devez prendre en compte que le bien en question représente une valeur affective pour ses propriétaires. De ce fait, vos conclusions chiffrées peuvent être mal accueillies par ces derniers. Il est alors de votre responsabilité d’expliquer la rationalité de votre expertise à travers une communication sûre, mais bienveillante.
Êtes-vous à l'aise avec les chiffres et l'analyse de données ?
Le rôle de l’expert immobilier consiste à transmettre une valeur chiffrée de biens bâtis ou de terrains. Pour proposer une estimation précise, vous devez mener un travail d’investigation rigoureux. Votre appétence pour les chiffres et votre esprit de synthèse vous seront d’une grande aide pour restituer de manière analytique l’ensemble des données obtenues dans les divers documents techniques étudiés.
Êtes-vous capable de travailler de manière autonome et de gérer votre temps efficacement ?
Pour mener à bien ses missions, l’expert immobilier se veut sur tous les fronts. Vos journées seront donc bien chargées et ponctuées de fréquents déplacements. De fait, vous serez amené à vous rendre sur les lieux à expertiser pour procéder aux vérifications nécessaires (évaluer la vétusté du bâtiment, constater la présence de servitudes, etc.). Il convient de faire preuve d’une organisation sans faille de votre emploi du temps, pour parvenir à rendre vos conclusions dans les délais impartis, sans nuire à la qualité de vos estimations.
Comment gérez-vous le stress et les périodes de forte charge de travail ?
Suivant la conjoncture de l’immobilier, l'intensité de l’activité peut varier de manière significative. Lorsque celle-ci s’accélère, vous devez disposer des ressources personnelles nécessaires pour répondre aux multiples sollicitations. En fonction du contexte dans lequel vous êtes mandaté (lors d’une succession par exemple), vos expertises peuvent être soumises à des délais relativement courts. Une fois encore, une méthodologie rodée, associée à une hygiène de vie irréprochable vous apportera l’énergie requise pour faire face à une charge de travail conséquente et ne pas vous laisser submerger.
Êtes-vous prêt à vous adapter aux changements fréquents du marché et à continuer à apprendre ?
L’expert immobilier voit sa carrière évoluer au rythme des fluctuations du marché de l’immobilier. L’heure est à la construction de bâtiments durables, et les critères de mesures des performances énergétiques sont réévalués à mesure que les politiques changent. En tant que professionnel, vous devez vous tenir prêt à effectuer une veille constante des nouvelles normes et des changements de règles de calcul pour vos estimations.
Pour ce faire, il est préférable de se former en continu et de maintenir une certaine vigilance quant aux tendances de la société en matière d’habitat. C’est ainsi que vous serez en mesure d’anticiper et de vous adapter aux évolutions du prix du marché sur un secteur donné.