Projets, tendances et anticipations : du gouvernement à la plus petite des entreprises, il est désormais impératif de soigner la présentation de ses prédictions. Leçon de vocabulaire à l’usage de ceux qui souhaitent s’éviter un douloureux lapsus.
Deux conceptions éloignées
Il est bien compliqué de différencier prévision et planification lorsque qu’on s’arrête à l’idée que leur objectif commun est l’anticipation d’un état économique ou financier ultérieur.
A y regarder dans le détail, la manière d’envisager le futur est cependant très différente:
- la prévision prend en compte les données structurelles au moment T, étudie la situation et les différents scénarios d’évolution et établit à partir de là le schéma le plus probable.
- la planification, elle, est une science qui a pour objectif d’assurer la satisfaction des besoins par une utilisation prédéfinie des ressources.
La prévision propose une évolution à partir de l’existant, alors que la planification impose une organisation fondée sur un objectif.
De la philosophie à l’économie
Que ce soit par une entreprise ou un gouvernement, l’évocation même lointaine d’une planification fait frémir notre économie libérale. Et pour cause : le terme même de la planification a été prononcé par la première fois par un certain Staline, et relève d’une conception de l’économie dont le souvenir est plus que contesté.
Recourir à l’idée de la planification, c’est ainsi se référer au principe soviétique d’une économie rigide, préétablie et dénuée de toute liberté.
Si le principe de prévision relève du domaine économique et mathématique, celui de planification tient en effet d’une mythologie politique et d’une philosophie économique.
Une réalisation différente
Dans leur effectivité, ces deux notions sont également très différentes. La prévision permet de dégager des grandes tendances à partir de l’existant et de s’y préparer. Le budget prévisionnel d’une entreprise n’a ainsi pas vocation à être réalisé mais permet d’identifier de grandes orientations.
Dans le cadre de la planification, l’ensemble des ressources et des moyens sont affectés d’office dans le cadre de plans, généralement établis sur trois à cinq ans. Tout événement qui interviendrait dans ce délai, et qui, par nature, n’aurait pu être prévu, ne trouverait alors pas sa place : le modèle perd toute sa pertinence. C’est ainsi tout simplement l’absence de prescience qui retire à la planification sa raison d’être.