Qu'est-ce qu'une politique d'achats responsables ?
Il s’agit d’élaborer une stratégie d’achat de biens de consommation durables, répondant aux nouveaux enjeux environnementaux et sociétaux. Cette politique d’achats responsables s’inscrit dans une démarche RSE, c’est-à-dire de responsabilité sociétale des entreprises. La Commission européenne en précise les contours dans sa communication de 2011 au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions. Elle en souligne les bénéfices pour toutes les parties prenantes. Ainsi, la RSE vise à réduire l’impact des activités commerciales des entreprises sur les individus et sur l’environnement.
La politique d’achats responsables est l’un des leviers que les entreprises peuvent actionner pour renforcer leur RSE. Les organisations sont invitées à intégrer de nouveaux critères dans la sélection de leurs produits, de leurs services ou de leurs matières premières. Pour les y aider, différentes normes (normes ISO) sont mises en place par l’Organisation internationale de normalisation, détaillant les bonnes pratiques qu’impose un tel projet.
Néanmoins, il est à noter que sa mise en œuvre ne doit pas se faire au détriment de leur performance sociale et économique, ni même de leur compétitivité.
Pourquoi inclure la RSE dans les achats ?
La fonction d’achat est centrale dans une société et présente un coût significatif. La politique d’achats responsables pour la RSE prend alors tout son sens. La manière dont celle-ci va être conduite est l’occasion de repenser tout le processus d’achat et d’approvisionnement, mais également d’anticiper les prochaines tendances de consommation.
Une stratégie correctement déployée démontre la capacité d’une organisation à s’adapter aux nouveaux enjeux climatiques et à innover. Elle prouve ainsi sa volonté de s’inscrire dans une logique de durabilité. Ses choix en matière de fournisseurs ou de matériaux sont soigneusement étudiés pour améliorer la durée de cycle de vie des produits ou des services proposés. Cette approche se veut gage de confiance auprès de leurs clients et de leurs partenaires, favorisant ainsi la notoriété de la marque.
Une étude de France Stratégie en témoigne, les entreprises s’employant à consolider la RSE dans leur gestion constatent une progression de leurs performances économiques de 13 % en moyenne. De même, elles jouissent d’une amélioration de leur image, qu’elles font rayonner de manière positive sur le tissu économique local et les acteurs qui le composent :
fournisseurs ;
prestataires ;
consommateurs ;
concurrents ;
partenaires ;
intervenants des collectivités locales.
Quels sont les principaux enjeux des achats responsables ?
Adopter une logique d’achats responsable de RSE recèle de nombreux défis.
Un enjeu social : le bien-être des salariés
Le bien-être au travail est une problématique récurrente dans nos sociétés. La perception qu’ont les salariés de leur métier a fortement évolué. Nombreux sont ceux qui aspirent à trouver du sens dans leur activité professionnelle. Aujourd’hui, les actifs veulent se sentir utiles et tendent vers une meilleure compréhension de leur rôle dans cette chaîne de valeur.
Une entreprise engagée dans une démarche d’achats responsables envoie un signal fort à ses équipes : concilier son besoin de rentabilité avec sa conscience écologique est possible, et ce, sans faire l’impasse sur les considérations sociales. Cette relation gagnant-gagnant fédère les travailleurs, heureux de s’investir pour une organisation qui partage leurs valeurs. Le turn-over des collaborateurs s’en trouve considérablement réduit.
Un enjeu environnemental
La protection de l’environnement et le développement durable sont au cœur des préoccupations individuelles et collectives. Ces débats ne sont pas seulement l’affaire des entreprises. Ils s’invitent également dans la sphère privée. Tout l’enjeu consiste à orienter les choix des consommateurs vers des achats responsables, réduisant ainsi leur empreinte sur la planète.
Pour cela, il est de la responsabilité des industriels de créer de la valeur ajoutée en modernisant leur mode de production ou leur chaîne d’approvisionnement. Le circuit court est à l’honneur. Grâce à l’innovation et à la recherche, il est désormais possible de proposer aux consommateurs des produits durables et réparables, limitant la surproduction et les dégâts écologiques qui en découlent.
Un enjeu financier
Quelle que soit son activité, le but ultime de toute organisation est d’assurer sa pérennité. L’enjeu financier est donc crucial et la pratique des achats responsables, conforme à la RSE, va dans ce sens en permettant de :
maîtriser ses coûts ;
optimiser sa chaîne d’approvisionnement ;
améliorer ses process de fabrication ;
capitaliser sur son image de marque ;
valoriser ses déchets ;
améliorer les techniques de recyclage ;
etc.
Il est à noter que l’impulsion d’une démarche RSE nécessite souvent un investissement financier au départ. En revanche, une bonne pratique de l’achat responsable peut rapidement en amortir les frais.
Un enjeu sociétal
Il va de soi qu’une volonté commune de responsabilité sociale des entreprises impacte considérablement la société. Plus qu’un effet de mode, les travailleurs revendiquent leur droit de vivre et d’évoluer dans des conditions de travail acceptables.
Conscients de l’obligation de leur employeur d’assurer leur sécurité et la protection de leur santé, ils attendent de lui qu’il montre l’exemple. Cela passe évidemment par les choix de ce dernier en matière de gestion éco-responsable de son entreprise :
élaborer une charte des bonnes pratiques d’achat ;
favoriser la sobriété énergétique ;
privilégier l’usage de ressources renouvelables ;
réduire sa production de déchets ;
etc.
Parmi les enjeux, il s’agit également de se prémunir contre les risques de non-conformité, notamment auprès des fournisseurs. Il est donc primordial d’instaurer un dialogue social efficace avec l’ensemble des intéressés.
Un enjeu communautaire
À l’heure de l’ouverture des marchés, les pratiques adoptées par les grands groupes créent des répercussions sur l’économie mondiale. Une prise de conscience générale est indispensable pour diminuer les inégalités.
Opter pour des achats responsables en RSE impose de revoir ses besoins et ses critères de sélection. Cette démarche permet de mettre à l’honneur des initiatives telles que :
le commerce équitable ;
les circuits circulaires ;
la promotion de l’alimentation durable.
En outre, une meilleure répartition des richesses et la valorisation des savoir-faire de chacun sont autant de solutions permettant de maintenir les populations sur leurs lieux de vie et ainsi de limiter le phénomène d’exode économique.
Comment mettre en place une politique d'achat responsable ?
Rationaliser une politique d’achat s’effectue en différentes étapes.
Définition des objectifs en matière d'achats durables
Il s’agit dans un premier temps de mettre à plat les axes d’amélioration possibles en fonction du secteur d’activité :
cibler ses propres intentions et les consigner dans un cahier des charges ;
affiner la sélection de ses fournisseurs, conformément au référentiel ;
évaluer le coût global d'acquisition (frais de logistique, de douane ou encore de recyclage) ;
contrôler régulièrement les prestataires en veillant au respect des clauses contractuelles.
Compréhension des enjeux de la RSE liés à la fonction Achat
Ils sont nombreux puisque les différentes politiques d’achat déployées influent sur :
le progrès social, à travers l’inclusion, l’accès à l’emploi ou la lutte contre les discriminations ;
la protection de l’environnement et des écosystèmes, favorisant la transition écologique et durable ;
le maintien de la compétitivité et de la pérennité des entreprises par le biais de la recherche et du développement.
Intégration de ces enjeux dans le plan d'action
La prise en compte de ces enjeux peut sembler fastidieuse. Aussi, il peut être judicieux de se faire accompagner par des professionnels de la RSE. Pour ce faire, les organisations peuvent faire appel aux conseils avisés d’un consultant spécialisé.
Dans l’hypothèse où elle souhaiterait planifier ses actions en interne, elle a tout intérêt à s’appuyer sur la norme ISO 20400, détaillant les lignes directrices d’une politique d’achat responsable RSE bien menée.
Formation des collaborateurs à cette nouvelle approche
Pour que la concrétisation de ce projet se déroule dans les meilleures conditions, il convient de prévoir des modules de formation à l’attention des employés. En effet, les managers sont les premiers concernés puisqu’ils seront chargés de le faire appliquer à leurs équipes.
Mise en œuvre d'actions concrètes
La mise en concurrence des marchés a conduit les sociétés à œuvrer concrètement pour appliquer leur politique d’achats responsables pour leur RSE. Il s’agit pour elles de se montrer compétitives lors des appels d'offres.
Pour ce faire, leurs actions possibles sont multiples et peuvent se matérialiser par :
le recours aux écolabels ;
les aménagements nécessaires à la réduction des émissions des effets de serre ;
la rénovation des locaux en conformité avec la notion de sobriété énergétique ;
des partenariats avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire ;
l’usage de produits « verts » et naturels ;
le soutien aux services de proximité ;
des interventions de sensibilisation auprès du jeune public, mais aussi des fournisseurs, des collaborateurs et des clients.
Améliorer la mise en application de la RSE au sein de sa structure est un projet ambitieux, mais prometteur. Pour ce faire, adopter une politique d’achats responsables se révèle être un instrument essentiel à la boîte à outils nécessaire pour promouvoir un développement durable et profitable à tous. Quelles sont les premières actions que vous avez mises en place pour agir en entrepreneur responsable ?