En matière de fiscalité, les aspects théoriques sont souvent négligés par les praticiens, qui se focalisent sur les considérations techniques (champ d’application, calcul de l’impôt…). Pourtant ceux-ci sont importants pour comprendre la structure du système fiscal, en particulier en matière de TVA.
À quoi sert la TVA : un impôt lucratif
La TVA constitue la première source de recettes fiscales. Ainsi, celle-ci a rapporté 141,2 milliards d’euros à l’Etat en 2013, contre 71,9 milliards d’euros pour l’impôt sur le revenu et 53,5 milliards d’euros pour l’impôt sur les sociétés.
Cette forte rentabilité s’explique par la structure particulière de cette contribution, qui touche quasiment toutes les opérations économiques.
En effet, sauf exonérations expressément prévues par la loi, toutes les opérations à titre onéreux effectuées par un assujetti sont soumises à TVA. Ainsi la majorité des ventes et des prestations de services (y compris celles réalisées entre deux entités d’un même groupe de sociétés) est imposable.
Considérant l’importance du taux d’imposition ou taux de TVA (20% pour le taux normal), on comprend aisément pourquoi la TVA est si rentable.
À quoi sert la TVA : le côté indolore
La TVA a un avantage certain, par rapport aux impôts directs comme l’IRPP ou l’IS : ceux qui la supportent réellement ne sont pas ceux qui doivent la payer.
En effet, les assujettis, c'est-à-dire ceux qui réalisent des opérations entrant dans le champ d’application de la taxe et qui doivent payer celle-ci, peuvent à la fois déduire la taxe qui leur a été facturée et majorer leur prix de vente afin d’y intégrer la TVA. Seul le consommateur final, ne bénéficiant d’aucun droit à déduction et devant payer un prix majoré, supportera économiquement la contribution.
Exemple :
Un assujetti A vend un bien 120 euros (dont 20 euros de TVA) à un assujetti B. Ce dernier revend le même bien 240 euros (dont 40 euros de TVA) à un consommateur.
- Devra payer 20 euros de TVA mais aura majoré son prix de vente en contrepartie.
- Pourra déduire la TVA qui lui a été facturée (soit 20 euros) et répercutera la TVA due (soit 40 euros) sur sa facture.
Le consommateur final supportera économiquement la TVA relative à l’opération réalisée sans être toutefois redevable juridiquement de celle-ci.
À quoi sert la TVA : l’harmonisation des échanges communautaires
Les règles relatives à la TVA ont été largement harmonisées dans le cadre de l’Union européenne.
C’est particulièrement le cas en matière de territorialité, où les Etats se partagent l’imposition des opérations réalisées dans le cadre de l’UE selon des règles très précises.
Cette harmonisation permet de gérer les échanges entre les opérateurs économiques et offre à ceux-ci un cadre structuré et stable.
Ainsi, par exemple, un assujetti français pourra commercer avec un assujetti allemand sans se soucier des règles applicables en Allemagne en matière de TVA puisqu’ils appliqueront, dans le cadre de leurs échanges, des règles essentiellement communautaires.